Homélie 7ème Dimanche de Pâques – 16 mai

Homélie dite à l’église Saint-Joseph et au monastère de la visitation.

Nous avons fêté jeudi dernier l’Ascension de Jésus. C’était sa apparition à ses disciples. Il disparaît à leur regard. Désormais, c’est le temps de l’Eglise qui commence.

Les disciples qui ont suivi Jésus pendant trois ans sont appelés à devenir des apôtres. Ils seront envoyés dans le monde entier pour être les messagers de la bonne nouvelle. Nous sommes bénéficiaires de leur témoignage ; nous avons à transmettre le flambeau autour de nous. Le Seigneur compte sur nous dans nos familles, nos quartiers. Rien ne doit arrêter la Parole de Dieu.

La première lecture nous montre que ce témoignage a besoin d’une communauté organisée. Judas n’est plus là. Après avoir trahi Jésus, il a mis fin à ses jours. Lors d’un rassemblement de la communauté, Pierre se lève et prend la parole. Il explique ce qu’ils vont faire pour remplacer Judas. Il faut le remplacer par un témoin de la résurrection. Il n’est pas question de voter. On va simplement tirer au sort en demandant à Dieu de manifester ainsi sa volonté. C’est Mathias qui est choisi pour être associé aux onze apôtres.

Ce passage du livre des Actes des Apôtres nous rappelle que l’Esprit Saint est très présent dans la vie de son Eglise. Il ne cesse d’éclairer sa route et il continue à agir pour faire de nous des hommes et des femmes de foi, témoins de Jésus.

Dans la seconde lecture, saint Jean nous rappelle que pour ce témoignage, il est indispensable d’être en communion avec Dieu. Il ne peut y avoir de vie chrétienne authentique sans amour. Cet amour nous vient de Dieu et s’enracine dans la foi au Fils de Dieu.

Le vrai chrétien c’est celui qui est fidèle à la foi enseignée depuis le commencement et à la pratique de l’amour fraternel. C’est à cela que le monde peut le reconnaître. Et c’est l’Esprit Saint qui nous permet de donner ce témoignage. Personne n’a jamais vu Dieu.
Mais la foi nous permet de le reconnaître dans l’amour que nous avons pour les autres.

L’Evangile de saint Jean nous rapporte la grande prière de Jésus au moment de passer de ce monde à son Père. Nous y entendons des paroles fortes : “Garde mes disciples dans la fidélité à ton nom !” La fidélité est au cœur de cette prière.

Elle est demandée comme une grâce car elle est bien fragile. C’est important car il ne peut y avoir de véritable amour que dans la durée. La mission des disciples, notre mission à tous, c’est d’être des témoins authentiques de Dieu parmi les hommes.

S’adressant à son Père, Jésus lui demande de protéger les siens dans cette mission difficile. Ils seront affrontés aux persécutions, à la dérision, à l’indifférence. Mais le Seigneur veille sur nous et rien ne peut nous séparer de son amour.
A la différence de Matthieu et de Luc, l’évangile de Jean ne rapporte pas le Notre Père, mais ce que nous lisons ici est tout-à-fait dans la même ambiance : « Père Saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage » fait écho à « Notre Père qui es aux cieux, que ton NOM soit sanctifié… »

Et à la fin de ce texte, « Je ne te demande pas de les retirer du monde, mais que tu les gardes du Mauvais » fait écho à « Ne nous soumets pas à la tentation mais délivre-nous du Mal ».

Quant à la phrase « Que ta volonté soit faite », elle n’est pas dite ici, mais Jésus n’a que cela en tête, l’accomplissement du projet de Dieu. Le projet de Dieu, c’est que le monde créé tout entier devienne lieu d’amour et de vérité : lente transformation, on pourrait dire germination, à laquelle tous les croyants sont invités à coopérer.

Ainsi, les croyants ne quittent pas le monde, ils sont dans le monde, ils y travaillent de l’intérieur ; mais s’ils veulent le transformer, cela veut dire qu’ils savent en permanence rester libres, se maintenir à distance des conduites du monde qui ne sont pas conformes au mode de vie du royaume qu’ils veulent instaurer.

Archevêque d’Albi, Mgr Coffy disait « les croyants ne vivent pas une autre vie que la vie ordinaire, mais ils vivent autrement la vie ordinaire. »

Il ne s’agit donc pas de mépriser le monde, notre vie quotidienne, les gens que nous rencontrons, les soucis matériels, l’argent et toutes les réalités humaines ; il s’agit au contraire d’habiter ce monde pour le transformer de l’intérieur.

D’ailleurs, quand Dieu crée ce monde, la Bible, plusieurs fois, nous dit que “Dieu vit que cela était bon”. Le même évangile de Jean insistera pour nous dire que “Dieu a tant aimé ce monde qu’il lui a donné son Fils”. Dieu l’aime, ce monde. Pourquoi le mépriserions-nous ?
Nous avons à aimer ce monde tel qu’il est, aujourd’hui. Mais pas en acceptant tout ce qui se passe dans ce monde ; On ne peut pas tout bénir.

On ne peut pas accepter un monde qui préfère les rapports de force à l’amour des autres, le bien-être personnel à la vie des autres, l ‘intérêt individuel aux valeurs de la communication, de l’échange… un monde qui privilégie les lois de l’économie au détriment de l’homme ….
C’est tout cela que Jésus veut nous dire quand il dit : “Vous n’êtes pas du monde”.

En ce dimanche, nous unissons notre prière pour la réconciliation des peuples, la progression de la justice et la résolution des conflits. ( Israel et la Palestine…)

Que le Seigneur nous donne force et courage pour travailler ensemble à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel, un monde rempli de l’amour qui est en Dieu.

“Toi qui es Lumière, Toi qui es l’Amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour.” Amen

Joel URION