Homélie 5ème dimanche de Pâques 2021

Le téléphone portable a pris une place importante dans nos vies…. 

Comme curé de paroisse, comme professeur de séminaire, ou aumonier de jeunes…il m’est arrivé, et il m’arrive, de conseiller à mes amis de retenir un certain nombre de « numéros de téléphone ! » ( textes clefs de l’évangile ) 

Matthieu de 5 à 7 par exemple. En d’autres termes les chapitres 4, 5, 6 et 7 du premier Évangile. Vous savez, c’est le fameux sermon sur la montagne qui commence par les Béatitudes et qui se poursuit avec un refrain « On vous a dit moi je vous dis ».  Mathieu de 5 à 7, c’est vraiment un trésor à savourer lentement. 

Il y a aussi un autre numéro de téléphone que j’aime reprendre personnellement, et conseiller à d’autres, jeunes ou moins jeunes : Jean 14-17.  

Évangile de Jean, du chapitre 14 au chapitre 17. Ce que nous venons d’entendre, est au seuil de ce grand discours de Jésus dans le quatrième Évangile.  Il commence par cette phrase de Jésus que Jean Paul II a lancé aux jeunes lors des JMJ : « N’ayez pas peur » et il se termine (c’est tout le chapitre 17 ) par la grande prière de Jésus à son Père. Allez voir ! C’est vraiment magnifique. Durant mes années de séminaire, le Père Paul, un prêtre Eudiste, a été mon accompagnateur spirituel. Et très souvent, après m’avoir donné le sacrement de réconciliation, il m’a invité à relire lentement Jean 14-17, et à prier à partir de ces quatre chapitres.  

Voilà pourquoi, avec le sermon sur la montagne (Mathieu de 5 à 7 !), avec le récit d’Emmaüs, et quelques autres pages de la Bible, c’est sans doute un des textes que j’ai le plus prié.  Vraiment cela vaut le coup de passer paisiblement du temps avec un tel texte. Je ne m’en lasse pas. Et ce texte s’est imposé à ma mémoire, certains jours plus que d’autres. 

Les jours où j’ai eu à porter des poids qui étaient humainement lourds pour mes épaules – je pense ici en particulier à certaines heures passées auprès de personnes en fin de vie à l’hôpital… à d’autres heures encore passées à côté de couples en grande difficultés… ou dans des familles venant de perdre un enfant….toutes ces heures où je ne voyais vraiment pas ce que j’avais à dire ou à faire…  

Heureusement que l’Église, grâce à St Jean, via mon accompagnateur spirituel , a su graver en ma mémoire une telle invitation pressante de notre Seigneur : « N’ayez pas peur… ».  Un tel appel à Lui faire confiance . Lui faire radicalement confiance est, je crois, aujourd’hui gravé dans mon coeur. 

« Croyez en Dieu ; croyez aussi en moi ». Ces mots si simples ont ouvert, un peu, mon intelligence et ma joie des Écritures, à commencer par cette certitude de St Paul que jamais Dieu ne nous demande quelque chose au-delà de nos forces. Il n’y a vraiment aucune crainte à avoir. 

Et la première épître de Jean le redit à sa manière : « Notre coeur aurait beau nous accuser, Dieu est plus grand que notre coeur… ». Et il y a eu d’autres jours ! Les jours où j’ai eu du mal à accepter les chemins de conversion que Dieu me proposait, le plus souvent grâce à d’autres, dans l’Église et ailleurs.  

Les jours où j’ai eu plus de mal à accepter ceux qui ne pensent pas comme moi, ne réagissent pas comme moi, ne prient pas comme moi. Je touchais alors du doigt que Dieu est vraiment plus grand que tout ce qui peut traverser mon cœur et mon intelligence.  La vie avec d’autres, en aumônerie ou ailleurs, est, je le crois une des plus habituelles manières de “permettre” à Dieu de “nettoyer”, “d’élaguer” ce qui doit l’être dans nos vies, de couper les sarments qui ne portent pas de fruit : nos jalousies, nos étroitesses d’esprit, nos jugements sur les autres…  

« Si quelqu’un m’aime il restera fidèle à ma parole, mon Père l’aimera, et nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. » Je vous assure, c’est vrai. C’est bien ainsi que cela se passe. Je peux en être humblement témoin devant vous. Et je dis bien de « permettre » à Dieu d’élaguer ce qui doit l’être, car Dieu ne s’impose jamais à l’homme. Il nous demande toujours la permission. Il frappe à la porte et attend qu’on lui ouvre. 

Puisse notre lecture de la Parole de Dieu graver en notre cœur un certain nombre de numéros de téléphone, de paroles-clé de Jésus…  

Puissions-nous les savoir par cœur pour que l’Esprit puisse faire resurgir aux bons moments les mots de Celui qui, aujourd’hui comme hier, et toujours, se propose de venir demeurer chez nous, en nous. 

N’oubliez pas …
Jean 14-17…
un très bon numéro de téléphone ! 

Joël Urion,
curé de la Paroisse de la Sainte-Famille